Event : prodrome d'hostilité (2)"Dans votre rapport, vous parliez de
disfonctionnement. je croyais que j'étais venu corriger votre incompétence, mais derrière vos explicatons vagues vous me cachiez un
monstre ! C'est un désastre. Un désastre total !
Avez-vous au moins une justification qui sauverait votre tête ?"
L'ingénieur en chef du projet "aube de brume" cessa de beugler, respira profondement et regarda droit dans les yeux le chef de section avec des envies de meurtres.
Le scientifique en face de lui, de vingt ans son aîné et aussi reconnu que brillant dans des domaines hyper-spécialisés, lui paraissait pathétique.
"Vous frôlez l'hérésie..." ajouta-t-il en murmurant.
"Je..je n'avais pas prévu de faire
ça; je veux dire..on ne pouvait pas prévoir que les modèles standards allaient tourner comme cela...
C'est la faute à la nouvelle méthode de production..remplacer des cuves par des oeufs..ça a créé comme une rituel..un rituel de naissance, voyez ?"
Son interlocuteur explosa :
"Vous vous foutez de moi !! Vous n'êtes qu'un pathétique théoricien incapable de mettre en oeuvre quoique ce soit de fonctionnel ! Le simple fait que j'ai pu noter ici et là des failles dans la sécurité est déjà..."
Il ne finit pas sa phrase. Il se mit à parler doucement et bas. Très bas. De la manière la plus froide et terrifiante qu'il soit.
"Comment vous expliquer la situation dans laquelle vous vous vous trouvez, vous et votre équipe ? J'ai trois unités de production qui ont parfaitement réussi à lancer la fabrication des modèles standards...on vous a juste demandé qu'ils éclosent d'eux-même. On vous a donné les protocoles expérimentaux. On vous a donné des informations techniques provenant des succès des autres équipes, au risque de ne pas assurer la sécurité générale du programme. On vous a accordé des crédits supplémentaires pour finir les expérimentatitions, et vous ne les avez pas poussées à bout !"
Sa pauvre victime aurait voulu répliquer qu'il ne leur laissait pas de temps pour les mener, justement, ces expérimentations, mais il resta coi paralysé par la peur. Intérieurement, au contraire, il criait :
"Ils veulent nous tuer à la tâche ! On se relaye déjà pour travailler jour et nuit..ils vont peut-être nous tuer tout court..."
L'ingénieur en chef visiblement dégoûté par l'homme qui lui faisait face se retourna brusquement pour fixer la porte close d'une petite pièce.
"Je vais donc m'occuper d'éléminer votre
monstre.
- Le tuer ?!
- OUI ! Le tuer ! C'est le mot ! Vous avez créé la CONSCIENCE.
Je m'en vais tuer votre hérésie...
Il se précipita vers la porte.
"Créateur bien aimé.." murmura le chef de section.
"C'est un pêché. Votre créature a plus de libre arbitre que nos modèles supérieurs ! Elle est comme nous. Et pour effacer ce pêché, je vais aussi en commettre un."
Il poussa la porte et la lumière envahie la pièce enténébrée. Un silhouette agenouillée releva la tête et fit cliqueter ses chaînes.
On entendit le claquement de la foudre.
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Rapport sur la production N°0147860801
clef de décryptage A05BLa nouvelle méthode pour assembler les différents ingédients est fonctionnelle; changer de méthode de cuisson a permi aux gâteaux d'être démoulé facilement,
pratiquement tout seul. Il ne suffit plus en conséquence que d'un seul ouvrier pour sortir tous les gâteaux du four.
Le nappage et
l'habillage du gâteau se font ensuite automatiquement sur tapis roulant.
Les gâteaux peuvent dégustés pratiquement de suite. Il suffit de leur laisser un repos d'une petite demi-heure dans une pièce sombre.
Les gâteaux, très amorphes, très plastiques, sont mis dans des boites en bois plutôt étroites afin de les transporter. Ils peuvent restés ainsi au maximum une semaine sans être aérés.
La conservation nécéssite une quantité d'eau normale, comme n'importe quelle pâtisserie d equalité supérieure (qui ne soit pas une reproduction d'une recette originale). Un gâteau peut se passer
d'additifs pendant une semaine sans condition extrème ou si on ne les consomme pas. Ce qui est très économique par rapport aux pâtiseries de référence qui ont besoin de trois à quatre additifs par jour.
Un four produit environ 16 gâteaux toutes les heures. Une unité de production possède trois à cinq fours. la production journalière a besoin de dix tonnes de sucre cristallisé et de presque 20 tonnes d'eau par jour. Leur implantation est donc hardu. Cependant la possibilité de faire de grosses usines pourraient diminuer les coûts et les besoins de manière drastique. Nous vous encourageons à passer à l'étape supérieure des investissements afin de connaître notre réelle capacité de production, capable de desservir un marché
affamé.