Séjour dans les plaines de Faeer

Une brise légère. Des feuilles tombantes. Un feu qui crépite. Des "plic-ploc" réguliers qui rebondissent en écho dans une grotte...

"...uss euh uissanss...
-Monsieur ?"
Je sortai de ma rêverie.
"Il me faut plus de puissance, Cass.
-Je sais, Monsieur.
-...
-Monsieur ?
-Quoi, encore ?
-Votre robe prend feu, monsieur ."

Je me levai en sursaut, et courrai dehors sous la pluie. Je me roulai par terre pour étouffer les flammes, en grognant. Comme en réponse, l'orage gronda plus fort.
Je me relevai, entrai à nouveau dans cette caverne humide, et hurlai :

"Pourquoi a-t-il fallu que cette tempête nous surprenne ? Là, maintenant ?
-Désolé, Monsieur, mais dans votre état nous ne pouvons voyager.
-Maudit soit ce Lyon ! Cette robe était un cadeau de..."

...Mefa... Un mois avant que Lyon n'arrive, j'avais brillament réussi un examen. Il m'a offert cette robe, en me faisant un clin d'oeil malicieux. Il avait dit "Cette robe ne craint pas le feu. Elle a appartenu à mon père, ainsi qu'à son père, et je te l'offre à présent". Il me considérai vraiment comme son fils... Lyon, tu me le paieras...

"Monsieur, il semble que votre robe n'aie rien."

Je regardai celle-ci. Les dorures représentant des flammes semblaient plus grandes, plus brillantes, plus...vivantes.

"Ah, cette robe doit être traitée avec de la gelée de flambos de feu. Très malin. Elle peut même se régénérer si vous la laissez dans un feu.
-Ca m'évitera d'avoir à la raccomoder si Lyon la ruine à nouveau."

Je regardai le brasier. Le feu crépitait, vacillait, mais ne semblait pas diminuer d'intensité.

"Lorsque cette tempête sera terminée, nous partirons vers la baie Lockelace.
-Très bien. Elle n'est pas très loin, nous y arriverons rapidement.
-Et Cass ?
-Monsieur ?
-Nous nous entrainerons au combat demain.
-Eh bien... C'est à dire... Si c'est ce que vous désirez, Monsieur..."

Je déroulai mon sac de couchage, me tournai et fermai les yeux.
En me réveillant, je me rendais compte que j'étais revenu sur les lieux du combat entre Lyon et moi. Somnambulisme ? Je ne sais pas. Toujours est-il qu'une silhouette s'approcha de moi, mais même en s'approchant, je ne pouvais la distinguer. Je remarquai qu'atour de moi, tout était trouble et lumineux, comme dans le désert. La silhouette se rapprochait, mais je ne la distinguai toujours pas. Il semblait que c'était un homme, et plus il s'anvaçait, plus la lumière qui m'entourait s'intensifiait. La source, c'était cette forme. Bientôt, elle arriva à deux mètres de moi, et c'est alors que j'ai vu son visage, une face embrasée, calcinée.

"Tu n'es pas assez fort.
-Que...Kali ?
-Tu n'es pas assez fort.
-Mais, que fais-tu là ? Qu'est il arrivé à ton visage ?"

Sa voix semblait venir d'outre-tombe. Son épée était fendue, mais embrasée. Il avait l'habitude de l'enflammer avant un combat, "parce que c'est classe !", disait-il.
Lorsque j'ai tenté de toucher son visage, il disparut dans un volute de fumée. Ce dernier tourbillona, forma un visage de dragon puis s'écrasa à terre. Je me rendai compte qu'autour de moi, tout s'assombrissait, ne filtraient que les ténèbres. Une autre forme surgit, plus noire que le reste. Il y eut une explosion de lumière aveuglante qui me fit tomber à terre, et je vis Lyon... enfin, pas tout à fait : une moitié était le Lyon que je connaissais et haïssait, mais l'autre moitié était inhumaine, avec des griffes davantages que des mains et drapée dans les ténèbres. Il pointa une griffe menaçante vers moi et dit :

"Est-ce vraiment ce pouvoir que tu désires ?"

Je me préparai à le foudroyer, mais j'ai alors vu ma main s'enflammer, puis mon bras, jusqu'à me recouvrir. Lyon me dit alors :

"Les chimères seront ton salut. Le Phénix te fera renaître, Monsieur... monsieur...sieur...
-Monsieur ! Réveillez-vous !"

J'ouvrai les yeux. Cass me secouait vigoureusement, et le soleil brillait sur notre campement. Je repoussai Cass avec mon bras, que j'examinai par la suite. Pas de brûlures...

"Ca va, Cass ! J'ai juste fait un mauvais rêve, pas la peine de me secouer comme ça !
-Mais, vous bougiez beaucoup, monsieur, et même avec plusieurs claques, je n'ai pas réussi à vous réveiller !
-Quoi ? Comment as-tu o...ouille, tu n'y es pas allé de main morte !
-Pardon, Monsieur."

Je repensai à mon rêve. Kali brûlé, Lyon encore plus hybride... et ce qu'ils ont dit. Je connais Phénix, c'est une des chimères de feu les plus puissantes, mais en quoi les chimères seraient elle mon salut, à part pendant un combat ?

Bof, ce n'était qu'un rêve après tout...
Je me mis en position de tailleur, puis je regardai dehors.

"Dès que vous êtes prêt, monsieur, nous irons nous entrainer. Il ne pleut pas, il fait frais, le temps idéal pour quelques passes.
-Je n'ai pas le temps pour quelques passes ! Je dois m'entraîner sérieusement si je veux pouvoir vaincre Lyon !
-Mais les passes sont...
-Inutiles ! Je n'ai pas besoin de m'échauffer !" Dis-je en me levant
"Soit..."

Cass s'avança sur la plaine faiblement ensoleillée, fit quelques étirements, et, lorsque je me mis en face à face, il me dit :

"Bonne chance, Monsieur. Vous en aurez besoin !
-Ouais, comme si tu pouvais me'hurgh..."

Je m'agenouillai et tenait mon ventre. Heureusement, je n'avais encore rien mangé, j'aurai probablement tout expulsé. Il ne s'est pas retenu, quand même ?

"Monsieur, vous allez bien ? Pardonnez moi, j'y suis allé un peu trop fort.
-Tu vas voir, je vais te foudroyer !"

J'utilise mon Eclair. Cass l'évite. Il me fonce dessus rapidement ! Je ne... argh !

"Désolé, c'est le combat. Je ne me sens plus.
-IRIIIIIS ! Flambe-le !"

Cass attendit patiemment, les bras croisés. Il se bat sans armure, sans épée, et je ne tiens même pas contre lui ! Comment peut-il être le même Cass qui se laisse intimider par un gringalet comme moi ? Il tuerait facilement Lyon s'il le voulait.
Au moment où les cieux s'embrasèrent, Cass était toujours les bras croisés. J'ordonnai à Iris de lui lancer une boule de feu, mais alors qu'elle fonçait sur Cass, ce dernier fit un bond spectaculaire et frappa Iris plusieurs fois dans l'estomac.
Résultat des courses : Iris vaincue, Cass avec, au mieux, des cheveux roussis, et moi en train de complexer.

"Désolé, Monsieur, mais dès que je me bats, je ne me retiens plus. Encore que là, j'ai fait des efforts.
-Ca va, j'ai compris ! Tu es fort, je suis faible, et intérieurement tu te moques de moi !
-...Désolé, Monsieur. Je ne voulais pas vous contrarier hier. Au moins vous savez à présent.
-Cet entrainement est terminé. Allons vers la baie !"

Après quelques lieues de marche à peine, nous étions sur la berge.

"Bon, ce vieux fou m'a dit que je devais tremper le bout de verre dans la baie pour aller vers mon destin. Voyons de quoi il s'agit..."

Dès lors que le bout de verre fut trempé, la lumière qui scintillait sur l'eau migra vers celui ci... les particules se condensèrent, et prirent l'apparence d'une flèche.

"Que...qu'est-ce que c'est que ça ?
-Je dirais que c'est une boussole magique, Monsieur.
-Mais vers quoi tend-elle ?
-Votre destin, Monsieur.
-Mon...Tu veux dire Lyon ?
-Je n'en sais rien, Monsieur. Mais...
-Elle pointe vers le Nord-Ouest. Donc Lyon doit y être... Cass, quelles sont les villes importantes au Nord-Ouest ?
-Aeropa et Rozania, Monsieur... Mais, Monsieur...
-Très bien alors ! Nous partirons pour Aeropa !
-MONSIEUR !
-Quoi ?
-Et ce truc là, vous en faites quoi ?" dit-il en pointant une sorte de glyphe volante.
"Un élémentaire noir ? D'où sort-il ?
-Peut-être de la boussole, monsieur. Je crois qu'il vous a pris en chasse, Monsieur.
-Bon sang ! On peut donc pas réfléchir en paix ?"

Je dégainai mon bâton .L'heure du combat avait sonné !

Spoiler:

Bien que l'élémentaire noir soit résistant à mes sorts de feu et de foudre, mes capacités physiques étianet en deçà de mon potentiel magique. Je décidai donc de lancer un éclair, ce monstre étant de plus immunisé à la paralysie et aux brûlures, donc à mes serpents de feu. Malheureusement, cet éclair ne fit que le picoter un peu (-5HP --> 95HP ) et sa réponse fut puissante : en effet, le sort ténèbres m'explosa à la figure, puis je crachai du sang sous la force de l'impact (-134HP --> 40 HP). Au moment où ses "ténèbres" m'arrivaient à nouveau dessus, Cass s'interposa et me lança :

"Fuyez, Monsieur ! Cet ennemi est encore trop puissant pour vous !
-C'est pas vrai ! Suis je donc si faible ?
-Partez ! Je vous rejoindrai !"

A nouveau, j'étais humilié par ma faiblesse. Alors que j'entendais des cliquetis d'armure et le bruit sourd des ténèbres au loin, je courrus aussi vite que possible en direction du Nord-Ouest. Lorsque j'ai à nouveau regardé la boussole,

la lumière s'était évaporée...


Deux semaines plus tard, Cass me retrouva à Pleupleu.

"Vous allez bien, Monsieur ?
-Si je vais bien ? Je suis incapable de vaincre une chose aussi faible qu'un élémentaire, la boussole est redevenue un vulgaire morceau de verre, je ne sais toujours pas où se trouve Lyon et j'ai froid ! Comment voudrais-tu que..."

J'entendis un bruit sourd, provenant, comme qui dirait, des entrailles de la terre. Dans l'auberge où j'avais logé ces quelques jours, les meubles semblaient avoir bougé. Puis je sentis un tremblement : les chaises bougèrent de quelques mètres avant de tomber, les clés des chambres tintèrent violemment, les quelques clients tentèrent en vain de se stabiliser et l'aubergiste rattrapa in extremis son livre de compte avant de le lâcher par perte d'équilibre.

"Mais qu'est ce que c'est que ça ?" s'écria un client.
"Un temblement de terre ?" hurla un autre.

Le tremblement s'estompa peu à peu. Le premier client dit, tout en replaçant une chaise :
"T'as déjà vu un tremblement de terre à Fezucian, toi ?
-Ben, euh..."

Je sortai dehors. Quelques personnes étaient en train de ramasser les morceaux de terre cuite de leurs pots de fleurs, d'autres constataient l'air penaud l'ampleur des dégâts, tandis que les gardes tentaient de rassurer tout le monde. La foule se faisant grandissante autour de la mairie, situé près de l'auberge dans laquelle je séjournais, je préférais rentrer dans celle-ci.

"C'était Lyon.
-Qu'est ce qui vous fait penser ça, monsieur ?
-...Une intuition." L'épicentre du séisme était tout proche. Mais où précisément il était, je n'en savais rien.

"Nous partirons vers Aeropa lorsque les choses se seront calmées ici.
-Très bien, Monsieur. Je dois toutefois vous informer que l'hiver est assez rude en Fezucian.
-J'ai de quoi me réchauffer !" dit-je en créant une flammèche. Je souris.

(Ce récit prend place entre "Visible Voyant" et "Déblayage : du balai à l'épée" )