Dans la taverne du "Fût Percé", accessoirement auberge depuis que les gérants se sont rendus compte que la plupart des clients ne rentrent chez eux qu'entre l'heure où la migraine est passé et celle où ils entrent dans la taverne ( ce qui correspond pour plusieurs de ces clients au moment où ils tombent à la renverse et se raidissent ), Cass tentait vainement de commander un verre d'eau à un tavernier qui n'en avait que très rarement entendu parler. Pourquoi Cass et moi étions dans cette gargotte ? Sans doute parce que Cass commençait à manquer de Zenys, et que je ne voulais pas payer de ma poche une auberge qui, bien qu'elle aurait été plus confortable, aurait été bien plus onéreuse.
Je me levai, ma robe de mage encore assez crasseuse et infestée des puces qui peuplaient le matelas. Dehors, il neigait encore... Impossible de partir dans ces conditions !
Lorsque je descendis les escaliers, tout le monde se tut. Ils m'observèrent fixement avec une lueur de frayeur dans leurs yeux, qu'ils avaient acquis lorsqu'un gros tas de muscles sous estima ma puissance. Du bougre, il ne restait que le chaussures avec un volute de fumée tourbillonante. Ils reprirent peu à peu leur discussions, tandis que je m'approchai de Cass. Autour de moi, je saisissais des bribes de conversations telles que "1 semaine que c'est la tempête sur Fezucian !" ou "Il parait que les routes de la plaine de Faeer sont fermées jusqu'à nouvel ordre !". J'avais ressenti la secousse qui avait créé la crevasse un ou deux mois auparavant... J'ai ressenti que la cause était, une nouvelle fois, Lyon. Il devait se battre contre quelqu'un, ce qui est logique car sa force est grande, par conséquent elle est surement convoitée par des tas de personnes. Kali aurait-il retrouvé la trace de Lyon ? Rien n'était moins sûr...
Au moment ou j'arrivais devant Cass, ce dernier se retourna, une chope de bière à moitié vide dans la main, et me dit :
"Salut, M'sieur Machin ! Vous savez quoi ? J'nous ai inscrit au service de d'b lay"hips"... de d'blay"hips"... de nettoyage des rues !
-Cass ?
-Tiens, c'est bizarre, de profil vous r'semblez à mon cousin Brutus... ou bien ma cousine Brutus... Enfin bon, vous lui r'semblez, quoi "hips".
-Tavernier, qu'a-t-il pris ?
-Une bière, pourquoi ?
-Ne vous êtes vous pas rendu compte que c'était un foutu paladin ?
-Ben, si, mais il avait soif. Il a tenté de m'commander un truc qui s'appelle de l'eau, voyez, mais quand il m'a dit que y'en avait dans la bière, j'ai compris ce qu'il voulait. Je lui ai servi ma spécialité, le "Melting Malt" !
-Cass, imbécile !
-Hé, m'sieur, faut pas s'énerver pour ça ! Tout est beau dans la v"hips", haha !
-Bon sang ! Vous, dites-moi, qu'est ce qu'il a fait ?
-Il vous a inscrit, vous et lui, au service des "balayages" de la ville ou un truc comme ça. C'est un truc qu'y ont mis en place, voyez, pour dégager les routes. Pis, c'est sur que si je peux récupérer ma livraison de bière, ça s'ra pas plus mal, alors, j'fais la pub, voyez.
-Et ça commence quand, ça ?
-Bah, je crois que c'est cet après-midi !
-Eh ben moi chuis toujours prêt à rend' service "hips" ! Même que je scorte l'autre bonhomme parce que moi, j'aime ma famille, héhéhé "hips" !
-Ecoutez, arrangez vous pour me désinscrire à cette idiotie, et donnez à celui-là --ordonnai-je en pointant un Cass qui commençait à prendre les tabourets pour des personnes et à embrasser les poteaux en bois pourri-- de quoi le désoûler !
-Je vais faire c'que j'peux, mais Y'en a pas beaucoup qui ont goûté à ma spécialité, et je préfère pas leur dire c'qui leur est arrivé. Par contre, j'arriverai pas à vous désinscrire des "balayages".
-Tu veux donc voir ta taverne réduite en cendres ?" demandai-je en empoignant le tavernier par la chemise.
"Mais m'sieur, c'est comme les scouts ! On peut pas se désinscrire comme ça ! Vous m'faites mal ! Pis ça rénumère, voyez ! Pis vot' paladin a dit que vous vouliez partir vite, et qu'vous aviez plus un rond ! Et pis, et pis..."
Quand ses gémissents s'accentuèrent, je le relachai. Ils avait raison sur deux points : déblayer cette neige me permettrai de partir plus tôt, et si je peux récupérer quelques zenys, ça me sera utile. Je confiai un Cass "cassé" aux soins du tavernier, puis je sortis dehors. Il devait être vers midi, je décidai donc de prendre mon repas. Je mangeai donc quelques rations conservées dans ma robe, tout en réfléchissant à la situation...
Je sentais que je m'étais renforcé depuis mon entrainement avec Cass. Dire que la même personne qui est en train de rire bêtement à cause d'une boisson alcoolisée m'a donné du fil à retordre à vaincre et s'est souvent retrouvé sans égratignure à la fin des entrainements... C'est la preuve que je ne suis pas assez fort. Bien que j'aie perdu la trace de Lyon, je n'ai pas abandonné cette poursuite... au contraire, cela est la seule chose qui donne un sens à ma vie, mais je ne peux pas encore le vaincre. Il me faut davantage de puissance, peut-être des chimères plus fortes qu'Iris. Encore faudrait-il que je maitrise totalement cette dernière...
De plus, Cass n'a pas été des plus coopératifs quant à la traque de Lyon, depuis que sa prêtresse est morte. Cette imbécile s'est sacrifiée pour ce Lyon... était-elle à ce point éprise de celui-ci ? Obéissait-elle à un supérieur ? Inutiler de réfléchir sur la question.
Un soldat armé d'une pelle entra dnas la taverne. Je rentrai avec lui, pour écouter ce qu'il avait à dire. Il déclara que les incrits au service de déblayage devaient sur le champ se rendre à la place centrale. Je jetai un coup d'oeil au tavernier, qui me fit signe d'approcher. Quand j'arrivai à sa hauteur, il me chuchota : "Votre ami a des tripes, il est encore entier. Par contre, il est dans les choux, alors il faudra attendre demain pour qu'il dégrise entièrement. Et je vous raconte pas la migraine qu'il aura !"
Cass étant "hors-service", je me voyais contraint de me rendre seul à cette fichue place... Autour de moi, je voyais déjà des gens creuser dans la neige pour la mettre sur les pelouses gelées, nettoyer les allées, certains flânaient et débattaient sur des questions existentielles... Les quelques bandits qui rôdaient profitaient de l'occupation des citadins pour faire du trafic, du vol à la tire et autres malfaisances. Ils ne s'approchaient pas de moi, peut-être parce qu'ils avient entendu parler de moi ou que je dégageais une "aura" qui disait "DANGER !!!!!" avec une tête de mort. Ils font bien de me craindre, après tout, chacun est une victime potentielle !
Mais, tandis qu'on me tendait une pelle, je me rendais compte que je n'en étais encore qu'à faire des basses besognes pour eux... Me voilà en train de nettoyer la place du village de cette neige, que je pourrai tout aussi bien faire fondre ! Bien sûr, je réfléchis à tout ça pendant que je creuse... Si seulement je pouvais récupérer, ne serait-ce qu'un échantillon du sang de Lyon, je pourrai l'analyser dans le laboratoire de feu mon grand-père et décupler la puissance de mes sorts ! Un avatar ! Un être mi-humain, mi-démon ! Tel était mon ennemi juré. Je dois faire des recherches dans la bibliothèque impériale, mais il me faut faire mes preuves... Peut-être une visite au temple du Feu pour en apprendre plus sur les chimères me ser...
Une minute ! Cette neige a-t-elle bougé ? Etrange... Peut-être un coup de pelle pourrait... Ah ! J'en étais sûr !
Un flambos de glace s'éveillait devant moi, les yeux pleins de malfaisance... La tempête de neige viendrait-elle de ces monstres ? Comment se fait-il que personne ne les aie encore vu ? Plus le temps de réfléchir, le flambos était déjà prêt à attaquer, et un autre flambos un peu plus loin effrayait les déblayeurs. Je posai la pelle, je pris mon bâton ( il vaut mieux toujours le garder sur soi pour les cas d'urgence comme celui-ci ) et pendant que les flambos me dévisageaient, je rassemblai mes forces...
- Spoiler:
Johnor :
HP : 174
ATK : 7
DEF : 9
MAG : 11
RAP : 9
VOL : 17
Poids de l'arme : 1
Poids de l'armure : 6
Poids total : 7
attaque physique : 25
defense physique : 29
attaque magique : 89
defense magique : 21
2 Flambos de glace lv1 :
HP : 10
ATK : 1
DEF : 1
MAG : 5
RAP : 5
VOL : 1
poids : 2
nombre d'attaques : 1 contre Johnor
Les flambos étaient lents, gauches, veules, et faibles. Mon "éclair" fit littéralement exploser le flambos éloigné (-83 HP = mort). Au vu de la faiblesse de ces flambos, je laissai à l'autre une chance de me blesser. La seule chose qu'il fut capable de me faire fut de me lancer le sort "glace", qui n'eut pas plus d'effet sur moi qu'une boule de neige lancée mollement (-5HP --> 169 HP). Le sourire plein de malveillance, je donnai un coup de pied au flambos comme on en donne à un chien. La pauvre gelée s'écrasa sur le bord de la fontaine, puis fondit (-20HP = mort). Les quelques personnes qui avaient assisté au combat de loin se rapprochèrent pour m'applaudir. Alors que je savourai leurs éloges tout en les méprisant, un jeune garçon arriva en courant et hurla :
"DES MONSTRES SUR LE PONT ! Y'A DES MONSTRES SUR LE PONT !".
Les quelques citadins me portèrent alors, et à toute vitesse, ils m'emmenèrent au pont. Je protestai par principe, mais la neige était froide, et je n'avais pas envie de marcher jusqu'au pont dans ce "manteau immaculé", qui n'avait pour manteau que le nom. Lorsqu'ils virent les flambos en train de geler le ponts et la rivière se trouvant dessous, il me laissèrent littéralement tomber. A peine me relevai-je que le groupe s'était dispersé, me laissant seul contre des flambos prêts à tuer ceux qui se trouveraient sur leur territoire.
- Spoiler:
3 flambos de glace lv3 :
HP : 30
ATK : 5
DEF : 5
MAG : 9
RAP : 9
VOL : 5
poids : 6
nombre d'attaques : 9 contre Johnor
Les flambos étaient nombreux, et je voulais en finir vite. Il devaient être la cause de cette tempête, ou en ont du moins profité, et donc il est possible que davantage de flambos, plus puissants ceux là, se trouvent dans la ville. De plus, démontrer ma puissance à ces enfants impressionnables me permettrait d'"éduquer" ces derniers...
"IRIS ! ECRASE CES PATHETIQUES GELEES AMBULANTES !"
L'incantation me coûta cher : en effet, le temps que j'invoque ma chimère, je me pris des tas de coups et autres boules de neige : les flambos me frappaient de leurs longs flagelles, et les "Glaces" gelaient jusqu'à mes os (-144(2*9*6 9*4)HP --> 25HP). Mais, alors que mes blessures gelaient sur place, et moi avec, la chaleur réconfortante d'Iris m'enveloppa. Elle plongea sur le pont, menaçant de le détruire si elle ne s'arrêtait pas, déploya ses ailes, et se posa en douceur entre moi et les flambos.
- Spoiler:
Iris :
HP : 191
ATK : 20.9
DEF : 9
MAG : 11
RAP : 20.9
Durée d'invocation : 3.6 tours
Nombre d'attaques : 125 sur les flambos lv3 !!!
A peine Iris était-elle arrivée sur le champ de bataille que les quelques flambos tentaient déjà de fuir. Ce fut vain, car la flamboyante créature expulsa une boule de feu si puissante, qu'elle fit un "strike" avec les flambos, le fit fondre et la neige autour avec (-70HP sur tous les flambos --> mort instantanée ). Le pont, fort heureusement, évita de peu l'état de carbonisation complète, et s'en tira avec de la suie sur la surface et un peu de noircissement.
Les quelques gelées encore camouflées dans la neige fuyèrent en voyant leurs défunts camarades, et les gens sortirent de leur maisons aussitôt qu'Iris se retira. Les citadins m'acclamèrent, poussaient des "Hourra !" et autres cris de joie et me portèrent à nouveau comme un héros. Ils me faisaient mal aux endroits où j'étais blessé, mais le sentiment d'être quasiment vénéré par ces gens, et ce bien qu'ils m'aient laché comme une vieille chaussette une fois face au danger, chose pour laquelle ils devront payer tôt ou tard, me réchauffait le coeur et me rendait extatique. Ils m'amenèrent jusqu'à l'hôtel de ville, et l'on me dit que le maire de Fezucian allait venir me récompenser comme il se devait. Lui aussi s'agenouillera devant moi, et devrait déjà le faire : Iris était une raison suffisante pour que l'on me craigne, et...
Je sentis un gantelet sur mon épaule. J'entendis alors :
"Désolé de n'avoir pu vous aider, Monsieur, mais je tiens mal l'alcool, et j'aurai du me douter que cette "eau" était suspecte. J'avais simplement trop soif, monsieur."
Je grommelai un peu, et regardai autour de moi la foule ravie... Cela est plaisant de se sentir aimé et adulé... Mais la crainte seule subsiste. Je profitai de cet instant trop court, puis les portes de l'hôtel de ville laissa passer un être rondouillard, qui s'avérait être le maire de Fezucian.